• Recontacter son agresseur, bonne ou mauvaise idée ?

    Quels sont les risques ? Que faire si on en ressent le besoin ? Comment agir avec un proche qui le souhaite ?

    TW : mention de violences sexuelles, dissociation

     

    Note : Je parle en tant que survivante d'inceste, ce qui fait que mes propos concernent essentiellement le cercle familial et amical. S'il y a des choses à ajouter, pour d'autres contextes par exemple, n'hésite pas à le signaler en commentaire !

     

    Recontacter son agresseur, est-ce une bonne idée ? Il est fréquent de se poser la question, par exemple lorsque les ponts ont été coupé sans parler de ce qu'il s'était passé ou lorsque l'agresseur faisait partie d'un entourage proche. En effet, la personne qui a infligé les violences peut être la seule à détenir certaines réponses. 

    Vouloir parler avec son agresseur, c'est extrêmement compréhensible. Et parfois, c'est soulageant, même si ça ne se passe pas comme on l'aurait voulu.

     

    Il ne faut cependant pas oublier que revoir son agresseur comporte des risques. 

    Si on décide de le faire, il est important de prendre des dispositions pour rester en sécurité. Ces dispositions sont le sujet de ma publication.

     

    Quels sont les risques ?

    (Hey, cette partie parle assez explicitement de violences et de dissociation. Si tu es concerné·e et que cela risque de te mettre mal, n'hésite pas à passer à la page suivante !)

    - Le stress causé par la confrontation peut provoquer une dissociation, c'est-à-dire une période de détachement où on se sent hors de la réalité, hors de ce qu'on veut et de ce qu'on est. Cet état peut amener à tenir des propos et prendre des décisions qu'on aurait pas souhaités en temps normal. 

    - L'agresseur peut adopter des stratagèmes qui ont pour but de nuire :

    -> culpabilisation ("tu as fait du mal à la famille")

    -> diffamation ("c'est un·e mythomane")

    -> manipulation ("les choses ont changé, recommence à venir à la maison","viens au moins pour ta grand-mère" )

     

    Que faire pour vivre le mieux possible cette rencontre ?

    - Réfléchir à ce que l'on recherche dans cette discussion. La volonté de revoir son agresseur n'est pas toujours rationnelle et mieux vaut éviter de se retrouver démuni·e une fois l'échange commencé.

    Quelques questions à se poser : Est-ce que je veux une discussion brève, longue ? Est-ce que je préfère qu'elle soit écrite, téléphonique, en face-à-face ? Qu'est-ce que j'attends de mon agresseur ? Des excuses, des explications, le récit de ce qu'il s'est passé, une prise de conscience... ?

    - Garder en tête que la personne n'aura pas forcément la réaction que l'on souhaite. Si ça n'est effectivement par le cas, il est possible de mettre fin à cet échange à tout moment.

    - Essayer de ne pas être seul·e. Si possible, c'est important d'avoir un proche auprès de soi (virtuellement ou physiquement), quelqu'un qui puisse s'assurer de votre état avant, après et éventuellement pendant l'échange.

    -> Cette personne peut vous conduire/vous accompagner jusqu'à un lieu de rendez-vous, être dans la pièce quand vous écrivez à votre agresseur, être là virtuellement...

    Elle pourra dire stop si votre état devient trop inquiétant, rappeler que votre agresseur est en train de mentir, ou redire plus tard le déroulement exact des choses.

    - Dans la mesure du possible, garder des traces de ce qu'il s'est produit, par exemple par des capture d'écran, par l'écriture de ses sentiments. Le stress peut rendre les choses floues, il est utile de conserver des éléments matériels à propos de ce qu'on a vécu.

    - Choisir un moment avec plusieurs heures devant soi, si possible des journées à venir peu chargées. Être dans un lieu familier. Il faudra sans doute du temps pour vous remettre de vos émotions.

    - Régler les questions matérielles au préalable. Préparer un plat qu'on aime, des vêtements sécurisants, se doucher...

    - Être indulgent·e avec soi-même. Dans un moment aussi stressant, voire dissociant, on n'est pas dans son état normal. Il est possible d'oublier des choses, de pleurer, de faire des concessions, de dire des choses qu'on ne pense pas, ou même de s'excuser. Quand vous prendrez du recul, essayez de ne pas en avoir honte. Vous avez eu le courage de le faire, avec le dérèglement émotionnel que ça implique. Vous avez fait de votre mieux.

     

    Un·e proche veut recontacter son agresseur, que faire pour l'aider ? 

    - Ne pas trouver ce désir inutile ou ridicule. 

    On sait tous que ça se passera plus ou moins mal, mais cette démarche reste souvent importante.

    - Proposer d'accompagner la personne dans sa démarche (physiquement, virtuellement...). Demander de ses nouvelles a posteriori.

    - Garder en tête ce que votre proche vous dit et son état apparent. Cela pourra l'aider si ses souvenirs sont flous.

    - Toujours rester en position d'accompagnement, ne pas faire les choses à sa place (sauf si la personne le demande explicitement).

     

    Conclusion :

    Dans l'absolu, recontacter son agresseur, ça n'est pas une super idée. Ça comporte des risques qu'il ne faut pas négliger et ça se passe rarement comme on le souhaite.

    Néanmoins, ça peut être une étape nécessaire quand on essaie de se reconstruire. C'est compréhensible de le vouloir. Mieux vaut le faire si cette idée revient très régulièrement ou devient obsédante. 

    A long terme, on peut trouver positif de ne plus se poser en permanence des questions sur la position que tient son agresseur.

    Autant que possible, faites attention à vous. Prenez garde à votre sécurité et soyez indulgent·e·s avec vous-mêmes.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


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